Les superprofits et les superdividendes sont de retour : les bénéfices nets cumulés des entreprises du CAC 40 s’élèvent en effet à plus de 81 milliards d’euros au premier semestre 2023, soit une progression de 15% sur un an tandis que les dividendes distribués sont en hausse de 13,3 % au premier semestre 2023 par rapport à 2022.
Les superprofits dégagés au cours de l’année 2023 concernent plusieurs secteurs. A lui seul, le secteur de l’automobile en France représente 14 milliards de bénéfices tandis que les géants de la finance (BNP Paribas, Société Générale, Axa, Crédit Agricole) dépassent les profits réalisés dans le secteur du luxe. Les plus gros profits annoncés pour 2023 concerneraient en effet Stellantis (avec plus de 11 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année), TotalEnergies (avec 9 milliards) et LVMH (avec 8,5 milliards d’euros).
En nourrissant l’inflation puisque provenant de taux de marge confortables, ces superprofits pèsent lourdement sur le revenu disponible des ménages. L’évolution des salaires ne compense pas l’inflation, en hausse depuis 2021. En refusant d’instaurer une taxe sur l’ensemble des superprofits, le gouvernement renonce donc non seulement à des recettes qui seraient utiles pour faire face aux enjeux sociaux et environnementaux, mais il fait également le choix de la baisse du revenu disponible de nombreux ménages.
Ces superprofits annoncent par ailleurs des superdividendes. Les trois quarts des entreprises du CAC 40 ont ainsi annoncé des hausses de dividendes pour 2023, alors que les dividendes de 2022 avaient augmenté de manière indécente (+32,7 % par rapport à 2021) et que ceux versés en 2021 avaient déjà connu une forte hausse. Entre avril et juin 2023, les 1200 plus importantes entreprises mondiales cotées en bourse ont redistribué 568,1 milliards de dollars en dividendes à leurs actionnaires, soit une hausse de 4,9% par rapport à la même période en 2022. En France, ce sont déjà 46 milliards d’euros qui ont été distribués. C’est un montant record.
En France, les dividendes ont ainsi augmenté de 13,3 % par rapport à 2022 et représentent près d’un tiers du total des dividendes versés en Europe. Total énergie annonce de son côté 17,9 milliards d’euros de dividendes et CMA-CGM en annonce 23 milliards. BNP Paribas, Sanofi, Axa, LVMH et Engie, dont les dividendes ont augmenté de deux tiers, annoncent également des distributions record.
Les organisations de l’Alliance écologique et sociale réaffirment que ces superprofits et ces superdividendes doivent être mis à contribution. Une véritable taxe sur les superprofits permettrait ainsi de dégager 10 à 20 milliards d’euros. Accompagnée d’un relèvement de l’imposition des dividendes (idéalement en les réintégrant au barème progressif de l’impôt sur le revenu), des montants substantiels seraient dégagés, ce qui permettrait de financer des mesures écologiquement soutenables ciblées sur les classes les plus modestes, dans un contexte où la pauvreté, déjà élevée, devrait augmenter en 2023 (14,6 % de la population vivait en 2021 sous le seuil de pauvreté, soit une personne sur 7 vivant avec moins de 1.128 euros par mois).
Les organisations de l’alliance demandent donc que le projet de loi de finances 2024 soit rapidement amendé pour prévoir l’instauration d’une telle taxe sur les superprofits et le relèvement de l’imposition des dividendes, ce qui constituerait un premier pas vers une bifurcation écologique et sociale juste.