Face aux perfluorés (PFAS), aussi appelés « polluants éternels » de l’usine Arkema, près de Lyon, notre collectif local Alliance écologique et sociale du Rhône se mobilise pour obtenir des réparations de la part de l’entreprise.
Qu’est-ce qu’un PFAS ou polluant éternel ?
Les perfluorés (PFAS) sont considérés comme des polluants éternels car ce sont des éléments chimiques extrêmement stables qui résistent à la fois à la chaleur, à l’eau, à l’huile et surtout à l’effet du temps. Ils peuvent rester des centaines d’années et ont des effets nocifs sur l’environnement et sur la santé humaine tels que des cancers et de nombreuses maladies.
Le problème est qu’ils se retrouvent dans beaucoup de composantes de nos vies, des vêtements aux cosmétiques, en passant par les pesticides.
Zoom sur l’usine Arkema
Située à côté de Lyon, l’usine Arkema est spécialisée dans la production de produits dérivés de la chimie du fluor. Elle rejette des perfluorés dans le Rhône depuis 1957, dans des quantités estimées à 3,5 tonnes par an ! 350 000 personnes habitant dans les alentours seraient impactées par ces rejets. Des tests sur les habitant·es et salarié·es ont révélé une présence élevée de PFAS dans leur sang.
Depuis 2015, la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) a demandé à ce que soit mesurée la pollution de l’entreprise, ce qu’elle n’a pas fait.

L’alerte contre les PFAS lancée par l’Alliance écologique et sociale 69
Face à la menace environnementale et sociale que représente cette usine et les PFAS, l’Alliance écologique et sociale du Rhône se mobilise depuis plusieurs années pour que l’entreprise soit tenue responsable.
Des actions de sensibilisation aux PFAS
Quand l’Alliance Écologique et Sociale – PJC! Rhône se saisit du sujet de la contamination aux perfluorés dans la vallée du Rhône, elle entre, dans un premier temps, en contact avec des collectifs citoyens et propose aux riverain·es des réunions d’information. En décembre un événement est organisé rue de la république à Lyon afin d’informer plus largement la population lyonnaise. Plus récemment, une partie du collectif à participé à une campagne d’affichage avec le collectif Stop PFAS qui visait à interpeller les députés pour leur demander l’interdiction de ces molécules. Aujourd’hui le collectif travaille à l’organisation d’une grande marche citoyenne contre ces polluants éternels qui se déroulera le 26 mai.
Des actions de désobéissance civile non-violente pour stopper la pollution aux PFAS
Face aux refus de l’entreprise de prendre en compte les demandes de la société civile, plusieurs associations de l’Alliance écologique et sociale ont organisé des actions de désobéissance civile non-violente afin de continuer à faire monter la pression sur l’entreprise.
Début décembre, elles ont partiellement bloqué l’usine Arkema située à Pierre-Bénite afin de pousser l’entreprise à prendre ses responsabilités. Plus récemment, une quarantaine d’activistes ont déroulé une banderole lors d’un match de foot de l’équipe féminine lyonnaise pour dénoncer le sponsoring d’Arkema et sa tentative de se rendre sympathique.

Une lutte contre les PFAS qui se poursuit devant les tribunaux
Des référés administratifs et pénaux
Un référé « mesure utile » avait d’abord été engagé par la commune d’Irigny, dont le territoire a été directement exposé à la pollution aux PFAS. L’action visait à obtenir une expertise pour déterminer les causes et les conséquences de la pollution des sols détectée dans un groupe scolaire de la commune. L’objectif était d’ensuite utiliser cette expertise pour engager la responsabilité des deux exploitants utilisateurs de PFAS de la Vallée de la chimie. Mais ce référé a ainsi été rejeté sans examen.
C’est avec l’objectif d’assurer l’arrêt des pollutions et de dresser l’état des lieux de la contamination que, depuis mai 2023, l’association Notre Affaire à Tous agit aux côtés de dix autres associations et syndicats, et de 47 victimes individuelles, afin d’obtenir des mesures utiles déployables à court terme en réponse au scandale des PFAS.
La coalition a ainsi saisi le procureur du tribunal judiciaire de Lyon d’un référé pénal environnemental. Dans sa requête, la coalition demandait au juge des libertés et de la détention (JLD) d’enjoindre l’entreprise Arkema de stopper ses rejets de PFAS et de financer des prélèvements et études afin de documenter précisément l’ampleur de cette pollution, ainsi que ses effets sur les riverain·nes et l’écosystème local. Ce référé pénal environnemental a été transmis en octobre 2023 par le procureur au JLD, reconnaissant le raisonnement liant non-conformités et infractions relatives aux installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) aux mesures utiles demandées, concernant les PFAS.
Par une ordonnance du 15 novembre 2023, le JLD a rejeté le recours, soutenant notamment que les non-conformités sur lesquelles se basait le référé ne persistaient pas au jour de la décision, la préfecture ayant notamment abrogé l’un des arrêtés violés par Arkema. Les requérants ont interjeté appel, mais se sont vu déclarer irrecevables au motif qu’ils n’auraient pas le droit de faire appel. Un pourvoi en cassation a été engagé par les requérants, mais aussi parallèlement par le procureur de la Cour d’appel de Lyon.
Enfin, en mars 2024, la Métropole de Lyon et le syndicat des eaux ont déposé un référé expertise afin d’établir les preuves de la contamination. Une audience est prévue pour mai 2024.
Des plaintes de communes et d’associations qui ont abouti à l’ouverture d’une information pénale
Parallèlement à cet effort sur l’arrêt et la connaissance de la pollution aux PFAS, une dynamique pénale a été engagée afin de déterminer et sanctionner les industriels responsables de cette pollution historique.
Une première plainte a été déposée par la commune de Pierre-Bénite et son maire en mai 2022, en suite de laquelle une instruction a été ouverte. L’enquête pénale est en cours, et des perquisitions sur les sites des entreprises ont été menées en avril 2024. Un collectif de 34 communes du sud de la Métropole lyonnaise, 35 personnes physiques et 7 associations de pêcheurs ont déposé une seconde plainte pour les mêmes faits.
Une première victoire législative contre les PFAS
Après de vifs débats et une pression continue de la société civile, les députés ont adopté à l’unanimité, en première lecture, jeudi 4 avril, une proposition de loi pour restreindre la fabrication et la vente de produits contenant des PFAS. La majorité alliée aux Républicains et au Rassemblement national a cependant cédé aux lobbyings de Seb en excluant les ustensiles de cuisine du périmètre de la loi.
Le combat contre les PFAS continue dans la rue. Prochaine étape : une grande marche citoyenne qui se déroulera le 26 mai, en marge des élections européennes.
Comment soutenir la lutte contre les PFAS et la pollution causée par Arkema ?
La problématique des PFAS dépasse le seul territoire lyonnais : elle concerne l’ensemble du territoire français et européen. C’est pourquoi il est crucial de faire connaître ce scandale majeur, notamment en rappelant la responsabilité d’entreprise telles qu’Arkemas.
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